<p>Adolphe est un des petits chefs-d’?uvre de la litt?rature et de l’esprit modernes. Avec des nuances bien moins vives que Ren?, c’est un petit livre qui en est l’?gal et comme le fr?re. Adolphe est un Ren? plus terne et sans rayons, mais non moins rare. Il n’a pu ?tre ?crit qu’? la date d’une civilisation tr?s-avanc?e, ? l’arri?re-saison d’une soci?t? factice qui avait tout analys?, qui avait raffin? sur les passions et qui, m?me en les poursuivant, s’en lassait vite et s’en ennuyait. L’homme qui a ?crit Adolphe, Benjamin Constant, ce produit le plus distingu? de la Suisse fran?aise, cet ?l?gant musqu? du Directoire, ce tribun parisien crois? d’Allemand, ?tait une des natures les plus compliqu?es et les plus subtiles qui se pussent voir. Il a lui-m?me retrac? un coin de son caract?re au d?but d’Adolphe, mais il n’a pas tout dit. Il avait, comme publiciste, des lumi?res, des doctrines ou des th?ories lib?rales et g?n?reuses, des acc?s et comme des pouss?es d’enthousiasme : tout cela ne tenait pas dans le particulier ; esprit aiguis?, blas?, singuli?rement fl?tri de bonne heure par je ne sais quel souffle aride, il se raillait lui m?me, il se persiflait, lui et les autres, par une sorte d’ironie fine, continuelle, insaisissable, qui allait ? dess?cher les sentiments et les affections en lui et autour de lui. Intelligence sup?rieure, il se rendait compte de tout ; peintre incomplet, il n’e?t su tout rendre, mais plume habile, d?li?e et p?n?trante, il trouvait moyen d’atteindre et de fixer les impressions int?rieures les plus fugitives et les plus contradictoires. Il a voulu exprimer dans Adolphe tout ce qu’il y a de faux, de p?nible, de douloureux dans certaines liai sons engag?es ? la l?g?re, o? la soci?t? trouve ? redire, o? le c?ur, toujours en d?saccord et en peine, ne se satisfait pas, et qui font le tourment de deux ?tres encha?n?s sans raison et s’acharnant, pour ainsi dire, l’un ? l’autre. La femme du roman, Ell?nore, est certainement la plus noble des d?class?es, mais elle n’en est que d’autant plus d?class?e, et elle le sent, elle en souffre. Son jeune ami en souffre pour elle, pour lui-m?me. Apr?s le premier charme passager de l’amour ou de la possession, toutes les in?galit?s se prononcent. Celle de l’?ge n’est pas la moindre : Ell?nore a dix ans de plus qu’Adolphe ; elle l’aime trop, elle l’aime de ce dernier amour de femme qui n’est pas le moins tyrannique, elle, l’en exc?de et l’en importune. Il a provoqu? de sa part des sacrifices et un absolu d?vouement dont presque aussit?t il ne sait que faire. En vain, il voudrait se dissimuler et lui cacher, ? elle, son ennui, sa lassitude ; elle n’est pas de celles qu’on abuse : nous assistons, dans une suite d’analyses merveilleuses de justesse et de v?rit?, ? toutes les impuissances et ? toutes les agonies convulsives de l’amour, ? des reprises et ? des d?chirements r?it?r?s et de plus en plus mis?rables. Cette ?tude faite ?videmment sur nature, et dont chaque trait a d? ?tre observ?, produit dans l’?me du lecteur un profond malaise moral, au sortir duquel toute fra?cheur et toute vie est pour longtempsfan?e ; on se sent comme vieilli avant l’?ge. Lord Byron, jugeant Adolphe au moment o? il parut, en 1816, ?crivait dans une lettre ? un ami :<br /> ≪ J’ai lu l’Adolphe de Benjamin Constant, et sa pr?face niant les gens positifs. C’est un ouvrage qui laisse une impression p?nible, mais tr?s en harmonie avec l’?tat o? l’on est quand on n’aime plus, ?tat peut-?tre le plus d?sagr?able qu’il y ait au monde, except? celui d’?tre amoureux. Je doute cependant que tous liens de la sorte (comme il les appelle) finissent aussi mis?rablement que la liaison de son h?ros et de son h?ro?ne. ≫..............</p>画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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